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Terrasse, jardin... en jouissance exclusive ou privative. De quoi s’agit-il ?

12/05/2021
dejeuner en terrasse-jouissance exterieur

Que signifie avoir la jouissance privative ou exclusive d’un jardin ou d’une terrasse par exemple ? A quels droits et obligations le propriétaire, et son éventuel locataire, sont-ils soumis ? Camille Fourier-Ferrand, avocate au barreau de Nantes du cabinet Cornet-Vincent-Ségurel nous l’explique.

Dans bien des cas, il arrive qu’un appartement desserve un petit jardin, une terrasse ou un couloir auquel seuls les habitants de cet appartement puissent avoir accès. Lors de l’achat, il est alors parfois précisé au futur propriétaire qu’il en aura la jouissance exclusive ou privative. Quelle différence avec la propriété ?

Partie commune à jouissance privative : de quoi parle-t-on ?

Pendant de nombreuses années, aucun texte ne définissait ce qu’était cet espace, pas même la loi sur la copropriété du 10 juillet 1965. Et ce n’est qu’en 2018, avec la loi dite Elan, que ce manque fut comblé. Le législateur l’a défini comme étant une partie commune affectée à l’usage et à l’utilité exclusive d’un lot. “Comme ce sont des parties communes, elles appartiennent de manière indivise à l’ensemble des copropriétaires” explique Camille Fourier-Ferrand. “ Ses principales caractéristiques sont les suivantes : le droit de jouissance privative sur une partie commune ne confère pas de droit de propriété sur la partie commune mais un droit d’usage exclusif. Très souvent, notamment lorsque ce droit est constitué à l’origine de la copropriété, ce droit de jouissance exclusif est ce que l’on appelle un droit réel immobilier, ce qui signifie qu'il sera donc transmis avec l’appartement en cas de vente ou de succession. Enfin, la superficie de ces espaces ne rentre pas dans le calcul des surfaces selon la loi Carrez, et n’augmente pas la quote-part de charges pour le propriétaire. Elle n’entre pas non plus dans le calcul de la taxe d’habitation, ni de la taxe foncière.”.

 

Quel est le document majeur à connaitre ?

C’est en général le règlement de copropriété qui sert de source à ce droit. Mais il peut arriver aussi qu’il ait été instauré par une décision de l’assemblée générale des copropriétaires. “Dans les deux cas, poursuit l’avocate, il sera non seulement précisé quel lot et quelles parties communes sont concernées. Mais le texte détaillera aussi, en principe, les droits et les obligations du propriétaire. Le meilleur réflexe à avoir quand on acquiert un bien bénéficiant d’une telle jouissance, c’est donc de prendre connaissance de ce document attentivement car ses dispositions s’imposeront à vous.”.

 

Des droits...

Le propriétaire peut donc jouir de cet espace, qu’il s’agisse d’une terrasse ou d’un jardin par exemple, “dans la mesure où il ne crée aucun trouble du voisinage” rappelle l’avocate, qui ajoute : “Le détail exact des usages possibles et des obligations peut d’ailleurs varier d’une copropriété à l’autre.”. Ainsi, il sera sans doute nécessaire que le propriétaire vérifie qu’il a bien le droit d’utiliser un barbecue ou que ses enfants auront le droit de jouer au ballon dans cet endroit, en revanche poser sa chaise longue ou planter quelques fleurs ou arbustes ne devrait pas poser de souci.

 …. et des devoirs !

Qu’en est-il des obligations ? "Une partie de la charge de l’entretien de ces espaces incombera cependant au propriétaire” répond Camille Fourier-Ferrand. “Par exemple, il lui faudra entretenir et remplacer en cas de besoin le revêtement superficiel d’une terrasse ou les petites plantations existantes dans le jardin. En revanche, tout ce qui relève du gros œuvre ou de l’entretien des arbres de grande hauteur relèvera de la copropriété dans son ensemble. Enfin, il faudra absolument que le propriétaire ou son locataire s’abstiennent de procéder à tout aménagement qui pourrait avoir un impact sur la structure ou l’apparence de l’immeuble sans avoir obtenu préalablement l’autorisation de le faire.”. En effet, le propriétaire pourrait être contraint à une remise en état à ses propres frais.

De manière générale, les règlements de copropriété tendent à être plus clairs et à mieux définir les droits et obligations que par le passé. Les acheteurs acquièrent ainsi de manière bien plus éclairée. En cas de conflit sur ce sujet, si aucune solution amiable n’est trouvée, le recours à une procédure judiciaire sera nécessaire. Dans une telle situation, l’assurance contractée par le propriétaire, avec une assistance juridique, pourrait lui permettre de bénéficier d’une aide précieuse.

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